[Compte-rendu d’atelier] Atelier autour de Cine.tools (www.cine.tools), outil d’annotation vidéo
Présenté et animé par Michael Bourgatte et Laurent Tessier, de l’institut Catholique de Paris, cet atelier s’est proposé d’amener les participants à utiliser Cine.tools et à en explorer les perspectives scientifiques possibles. Cet outil permet de manière simple et intuitive d’ajouter des notes de tous types (texte, image, vidéo) sur un film en streaming, d’en délimiter précisément la durée et le Time Code.
Rédacteur du Compte-rendu: Alain Zind
Le constat initial rapporté par Michael Bourgatte et Laurent Tessier est que la majorité de la bande passante Internet est aujourd’hui occupée par la vidéo. Plusieurs études américaines, canadiennes et françaises montrent cela. En outre, il a été démontré que l’équivalent de l’ensemble de la production cinématographique existante à ce jour sera joué toutes les 3 minutes sur Internet en 2016. Cette proportion, non négligeable, oblige le chercheur en humanités numériques à prendre en compte l’image animée.
C’est dans cette optique que Cine.tools a été pensé et mis en place, puisqu’il permet d’effectuer des annotations sur les vidéos, reposant sur la double condition de facilité et simplicité dans l’utilisation, et de l’accès au grand public.
Étant totalement libre d’accès, et proposant un service gratuit sans enjeu commercial, son utilisation se veut adaptée aux besoins de la recherche. En ce sens, les vidéos peuvent tout à fait être travaillées sur un mode collaboratif, sous la condition d’être inscrit au module. Cette restriction de l’accès permet d’éviter un foisonnement d’annotations sur une même vidéo, et ainsi, ne pas voir son projet gâché par des participations néfastes ou inutiles d’utilisateurs aux intentions douteuses.
Ce point collaboratif a été la pierre angulaire du projet, puisque la première idée était de proposer un outil qui met en relation l’enseignant et ses élèves, et qui permet de partager de manière pertinente un contenu filmique et des annotations pédagogiques.
L’intégration du service d’annotation vidéo dans un Environnement Numérique de Travail (ENT) permet de contourner la problématique des droits en jouant sur les exceptions pédagogiques qui existent aujourd’hui et qui sont relatives à l’exploitation de contenus filmiques en classe (possibilité d’accéder à des contenus sous droits, dans certaines conditions ; possibilités de manipuler ces contenus, dans certaines conditions là encore).
L’atelier proposé pour le Thatcamp Paris 2015 s’est déroulé comme suit. Après la présentation générale de Cine.tools, les animateurs ont invité les participants à manipuler eux même l’outil, afin d’interroger les usages possibles qui peuvent en être fait en fonction des disciplines. Outre le cinéma, ce sont les champs de l’histoire, de la sociologie ou de l’anthropologie qui peuvent avoir pour objet de recherche l’image filmique, et qui trouveraient ainsi un intérêt à l’utilisation de cet outil. Par exemple, les enseignants en Science et Technique des Activités Physiques et Sportives (STAPS) ont souvent recours à la vidéo pour filmer leurs étudiants et les commenter. En ce sens, l’outil faciliterait l’interaction globale au sein du groupe de travail. Ou encore, la possibilité d’annoter une séquence précise est particulièrement prometteuse dans le cadre d’un film ethnographique.
La discussion autour de Cine.tools a pu aboutir à plusieurs interrogations quant aux perspectives d’évolutions et d’usage. Actuellement, les vidéos doivent être uploadées directement sur le serveur de l’outil, mais Michael Bourgatte et Laurent Tessier ont annoncé une version 2.0 en préparation, qui permettra d’intégrer et d’annoter des vidéos depuis d’autres serveurs, comme celui de la plateforme Youtube, par exemple. Des accords avec de grandes institutions seraient d’ailleurs un enjeu de visibilité pour l’outil.
Outre les annotations et commentaires directement faits sur le film, Cine.tools propose un forum par vidéo, ce qui permet d’alimenter une conversation continue et plus générale autour de l’objet. Par ailleurs, chaque utilisateur peut agrémenter les notes de ses propres ajouts, sous couvert de validation par le modérateur qui a mis en place le projet. Dans le cadre pédagogique, cette possibilité laisse ainsi à l’enseignant le choix de juger de la pertinence ou non des ajouts faits par les étudiants. Et pour plus de clarté, un système de couleur par utilisateur est mis en place pour la version 2.0, pour différencier les commentaires de chacun des utilisateurs.
Au fil de la conversation, la relation claire avec un logiciel antérieur, Lignes de Temps, a été révélée, même si Cine.tools s’est voulu différent dans son ergonomie. Lignes de Temps a une interface qui se rapproche de celles de logiciels professionnels de montage, comme Adobe Première ou Final Cut. Cine.tools s’éloigne de cette logique en concentrant l’essentiel de l’activité de l’utilisateur sur l’image filmique elle-même, et non pas de manière périphérique, comme c’est traditionnellement le cas. Cine.tools est également simplifié dans son ergonomie générale et dans les fonctionnalités offertes aux utilisateurs. Ce travail de simplification s’est fait en dialogue avec les pédagogues et les apprenants, afin d’optimiser les développements de la version 2.0 qui fonctionnera de manière tactile, sur tablette.
Afin de ne pas limiter le champ d’utilisation de l’outil, et de ne pas isoler les utilisateurs les uns des autres, les développeurs ont gardé en tête un objectif d’interopérabilité avec d’autres outils (d’où la nécessité de prendre le temps de bien choisir les technologies qui sont utilisées dans les développements : player vidéo, module d’annotation, format de sauvegarde des données, etc). Car il ne faut pas que Cine.tools soit fermé sur lui même. Ce doit être une brique technologique d’une boîte à outils plus grande qui pourrait comprendre des technologies de réalisation de mashups, des technologies de sémantisation de corpus vidéos, etc. Cette problématique de l’interopérabilité dépend de partenariats à construire dans un futur proche.
En conclusion, cet outil extrêmement prometteur laisse envisager une évolution dans l’édition scientifique en ligne, mais nécessite encore des développements sur la forme des exports de données et du remploi éventuel des contenus annotés. Son développement est toujours en cours, dans une volonté marquée de toucher le plus large public possible, avec des facilités dans l’utilisation. Il va notamment bientôt paraître une version tablettes, reposant sur l’utilisation de l’écran tactile.
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